L’apiculture et APIMAB en deuil

No Tags | Actualités

Jean PEYRE, fils de viticulteur, s’était lancé dans les abeilles en 1948 suite à sa rencontre avec un essaim qui avait eu l’idée originale de s’installer dans un arbre de la propriété familiale.

 

Quel symbole !

 

Cette première cueillette fut décisive pour l’avenir de Jean qui, finalement, consacrera sa vie entière à l’apiculture.

 

Autodidacte pour beaucoup de choses, il le fut aussi pour son nouveau métier. A la lecture du livre de l’abbé Varré, il démarra son cheptel avec ce type de ruche très particulière et vouée surtout à l’élevage des abeilles. Pour des raisons plus techniques, il passa ensuite au modèle langstroth, plus pratique pour les transhumances. Il avait en effet comprit rapidement que pour gagner sa vie dans nos régions arides l’été, il fallait déplacer ses ruches, courir après les fleurs ! Et ce fût à l’occasion de l’une de ces transhumances vers les bruyères de l’Aveyron qu’il rencontra sa future épouse Esther Rouquette. Et il parla si bien des abeilles à ses beaux frères Rouquette, qu’ils se lancèrent eux aussi dans l’apiculture.

 

Cela produisit ainsi sur le secteur de Paulhan 3 grosses exploitations apicoles, et de nombreux projets tous liés à la vie de l’Abeille. Jo Rouquette en devint d’ailleurs le plus grand porte parole. C’est dans cette ambiance très créatrice que Jean Luc PEYRE rejoint Jean dans la gestion de l’exploitation apicole, et que Marc-Alain, son gendre, se lança dans la propolis… et créa Propolia.

 

Ainsi, Jean, comprenant que le métier d’apiculteur devait se professionnaliser, se consacra rapidement au syndicalisme au sein de « l’Abeille Héraultaise » qui s’appelait alors « Société d’Apiculture de l’Hérault ». Il en devint son trésorier durant de nombreuses années, alors que Jo en était le président. Il fit aussi un stage de « Spécialiste sanitaire » à Rodez pour améliorer ses connaissances sur la prophylaxie des abeilles, conseillant ainsi les apiculteurs voisins pour une meilleure pratique apicole.

 

D’esprit curieux et entreprenant, il diversifia son activité : blé, planteur de lavandes puis d’amandiers, c’était aussi une façon de prouver aux viticulteurs que l’on pouvait vivre d’autre chose que du vin. D’ailleurs, il éprouva toute sa vie une réelle réticence pour cette activité agricole très polluante par son utilisation massive de pesticides et d’herbicides et surtout mortelle pour ses abeilles.

 

Ces expérimentations qui s’étaient pourtant étendues sur près de 15 hectares de terres, n’aboutirent pas au résultat escompté : les lavandes dans l’Hérault n’étaient pas aussi mellifères qu’en Provence, et les amandiers, dont les espèces artificielles conseillées par l’Inra ne résistèrent pas à la sécheresse de notre région ni aux attaques des champignons. Quelle déception, tant de travail pour rien, alors que les espèces locales d’amandiers fleurissaient abondamment chaque année, assurant une récolte régulière…

 

Au-delà de son sens pratique basé sur une force de travail hors du commun, qui avait fait tirer la langue plus d’une fois à ses beaux frères, Jean faisait chaque jour bouillir sa cervelle en lisant de nombreux ouvrages littéraires et philosophiques. Selon lui, un homme complet de devait pas se limiter à sa santé physique, il devait aussi s’interroger sur sa place dans l’univers. Et sur le mystère de la vie.

 

Ce qu’il fit jusqu’à son dernier souffle.

 

 

Marie-Françoise et Marc-Alain Bernard

 

 

 

Crédit photo : © C. Lesage / cnature.fr